Lutte biologique
La lutte biologique a fait son apparition dans les années 80 suite à des problèmes de résistance aux produits chimiques chez certains insectes, particulièrement pour l’aleurode, ce qui posait problème dans certaines cultures.
A l’heure actuelle, c’est une réponse indispensable dans notre société pour aller vers une culture plus écologique et plus responsable ; surtout qu’elle a fait ses preuves depuis de nombreuses années. Il faut juste appréhender les choses différemment et apprendre à tolérer quelques bestioles qui se promènent sur nos plantes.
Qu’est-ce que la lutte biologique ?
C’est l’utilisation de « gentils » insectes (les auxiliaires) pour lutter contre les insectes nuisibles aux plantes (les ravageurs). Cela peut aussi passer par l’utilisation d’autres organismes comme des champignons ou des bactéries. Mais c’est surtout mettre au placard les produits chimiques pour mettre en place diverses méthodes naturelles sans impact sur l’environnement.
Les auxiliaires sont élevés par des professionnels puis lâchés sur les plantes présentant un problème. Plusieurs adaptations des insectes sont utilisées comme la prédation mais aussi le parasitisme.
Pour la plupart, ces solutions doivent être mises en place en milieux clos (intérieur, serre, véranda…) pour fonctionner parfaitement et aussi éviter de lâcher des organismes non autochtones dans la nature.
Principes de base
Il est absolument nécessaire de changer de point de vue quand on veut utiliser correctement la lutte biologique. En effet, cette technique est très différente de la lutte chimique. Voici les points clés à avoir en tête :
• La prévention et les méthodes prophylactiques sont très importantes et sont la base pour ne plus utiliser de produits chimiques. En effet, il faut faire le maximum pour mettre en place les conditions adéquates pour cultiver les plantes car un végétal en bonne santé saura se défendre contre les insectes nuisibles. Il est donc primordial de s’assurer que l’on donne à nos plantes les meilleures conditions de culture possibles en prenant en compte les facteurs suivants dans l’ordre : lumière, arrosage, substrat, engrais…Il est aussi nécessaire que les plantes et leur environnement immédiat restent propres en enlevant les feuilles mortes régulièrement, en nettoyant les pots entre deux culture ou encore en désinfectant les outils.
• Ne plus traiter avec des produits chimiques est aussi un acquis indispensable car une molécule qui détruit un ravageur aura forcément un impact sur les autres insectes. Il existe des produits compatibles avec la lutte biologique mais ils sont à utiliser avec parcimonie et dans des conditions particulières.
Les insectes auxiliaires utilisés en lutte biologique sont de petite taille et restent uniquement sur le feuillage des plantes donc il n’y a aucun danger de les retrouver se promener dans la maison. Et ils meurent dès qu’ils n’ont plus rien à manger.
• En lutte biologique, il faut accepter qu’il soit possible qu’une petite population de ravageurs soit présente sans que cela nuise aux plantes ; c’est le seuil de tolérance. Donc il ne faut pas s’inquiéter outre mesure si on croise quelques insectes sur nos plantes tant que la situation est sous contrôle et que la surveillance hebdomadaire permet de détecter une invasion pour agir en conséquence.
• Il est souvent difficile de pérenniser un auxiliaire donc il faudra parfois faire des lâchers régulièrement pour obtenir des résultats intéressants. En effet, la vie des auxiliaires est liée aux populations de ravageurs et il peut être compliqué de leur apporter la nourriture nécessaire pour qu’ils se développent toute l’année dans notre jungle.
• Il faut aussi prendre en compte le fait que les auxiliaires se développent en fonction des ravageurs présents donc il peut y avoir un délai d’action avec un décalage entre la population d’auxiliaires et celle de ravageurs. C’est le moment délicat où il faut parfois être patient pour obtenir des résultats mais aussi bien estimer la quantité à apporter.
• Le plus important est de bien étudier la situation avant de décider quelle est la meilleure solution à mettre en place. En effet, il existe de nombreux auxiliaires que l’on peut utiliser mais certains ne vont avoir une action qu’avec un insecte précis. Il est donc intéressant de déterminer précisément l’espèce qui pose problème. Et il faut aussi prendre en compte les conditions dans lesquelles les auxiliaires vont être lâchés comme la température qui peut jouer avec certains.
• En lutte biologique, il faut accepter qu’il soit possible qu’une petite population de ravageurs soit présente sans que cela nuise aux plantes ; c’est le seuil de tolérance. Donc il ne faut pas s’inquiéter outre mesure si on croise quelques insectes sur nos plantes tant que la situation est sous contrôle et que la surveillance hebdomadaire permet de détecter une invasion pour agir en conséquence.
Quelques exemples en photos
Les auxiliaires les plus intéressants en intérieur
Pour lutter contre les ravageurs, il existe tout un panel d’auxiliaires à notre disposition qu’il est possible d’utiliser en intérieur. Voyons ensemble les plus connus et les plus simples d’utilisation !
Pour des solutions précises pour chaque insecte ravageur, il suffit de se reporter à la partie « Parasites & maladies » du site internet.
● Chrysope
C’est la larve de plusieurs espèces d’insectes de la famille des Chrysopidées qui est utilisée car elle est très vorace et surtout polyphage, c’est-à-dire qu’elle s’attaque à de nombreux ravageurs comme les pucerons, les cochenilles farineuses et bien d’autres encore si elle n’a que ça à se mettre sous la dent. Il s’agit principalement de Chrysoperla carnea et Chrysoperla lucasina. On peut trouver des œufs ou directement des larves à l’achat qui doivent être répartis sur le feuillage des plantes à proximité immédiate des foyers de ravageurs. Je trouve que l’utilisation de larves est plus sécurisante que celle d’œufs car il peut y avoir beaucoup de perte. Il est assez difficile de faire prospérer une population en intérieur donc il faudra renouveler les apports suivant l’évolution du problème. Ce sont des insectes très discrets qu’il est parfois difficile à observer mais ils travaillent vraiment bien.
● Acariens prédateurs
De gentils acariens nous viennent en aide pour lutter contre plusieurs nuisibles de nos plantes comme les acariens et les thrips. Ce sont principalement Phytoseiulus persimilis contre les tétranyques et Neoseiulus cucumeris contre les thrips que l’on trouve facilement dans le commerce. Le plus simple est d’utiliser des sachets qui contiennent comme une nurserie à acariens et qu’il suffit d’accrocher aux plantes infestées pour qu’ils se répartissent pendant plusieurs semaines sur le feuillage. Il existe aussi des flacons remplis de vermiculite à disséminer sur le feuillage mais je trouve ça moins pratique et les apports devront être plus fréquents.
● Larves de coccinelles
Ce sont de vraies alliées au jardin mais elles peuvent aussi être utilisées en intérieur pour lutter contre les pucerons en utilisant des espèces indigènes comme Adalia bipunctata par exemple. Pour les cochenilles farineuses, il existe une petite coccinelle australienne, Cryptolaemus montrouzieri, dont la larve ressemble à une cochenille farineuse, qui est très vorace et peut donner de bons résultats. Par contre, il est très compliqué d’avoir une population à demeure en intérieur donc les apports devront être renouvelés en cas de persistance du problème. Il est aussi possible d’aller récupérer des larves directement dans son jardin ou dans un parc. Il existe aussi d’autres espèces minuscules comme Exochomus quadripustulatus ou Rhyzobius lophantae qui est utilisée contre les cochenilles diaspines.
● Les micro-guêpes parasitoïdes
Beaucoup d’auxiliaires sont prédateurs mais il existe d’autres modes d’action comme le parasitisme qui fonctionnent très bien en lutte biologique. Ce sont de minuscules guêpes qui vont pondre dans les ravageurs pour que leur larve se développe dans un hôte et le tue. C’est très efficace pour lutter contre les pucerons grâce à Aphidius colemani mais il existe de nombreuses espèces même présentes naturellement en France. On peut aussi citer Encarsia formosa qui est très efficace contre les aleurodes et qu’il suffit d’introduire sous forme de petites plaquettes cartonnées à accrocher aux plantes infestées.